Boîte à outils interculturelles et interreligieuses
Commission de l’inclusion sociale
Maren Lambrecht-Feigl
Mail : maren.lambrecht@coe.int
Depuis le milieu des années 2000, plusieurs pays européens ont mis au point des stratégies globales de lutte contre la radicalisation visant à déradicaliser ou à désengager les militants déjà engagés et, avec davantage encore d’intensité, à prévenir la radicalisation de nouveaux combattants. Le rapport décrit la genèse, les principales caractéristiques, les objectifs, la philosophie sous-jacente ainsi que les défis rencontrés par les stratégies de contre-radicalisation au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Danemark et en Norvège. Il se concentre exclusivement sur la radicalisation djihadiste, bien qu'il soit à noter que tous ces pays ont également développé certaines activités visant d'autres formes d'extrémisme.
Les quatre pays étudiés ont mené simultanément des initiatives de désengagement ou de déradicalisation visant les individus et des programmes de prévention destinés à certains groupes cibles ou à la population en général. En ce qui concerne le premier type d’actions, les pays européens ont mis au point des programmes visant à identifier les individus qui ont manifesté des signes évidents de radicalisation, mais qui n'ont pas encore commis de crime. Les autorités évaluent chaque cas et élaborent des interventions ciblées visant à détourner l'individu du militantisme et le ramener à une vie normale. Les contours de ces programmes varient toutefois de manière importante selon le pays concerné. Mais, dans toute l'Europe, ces programmes "soft" sont considérés comme un élément crucial pour une politique globale de lutte contre le terrorisme.
Le rapport vise à mettre en évidence les défis communs aux quatre pays examinés. Depuis le départ, les autorités européennes se sont efforcées d'identifier les objectifs de leur action. Plus récemment, les différents gouvernements semblent s’être détournés du phénomène global de l'extrémisme pour se concentrer vers celui, plus étroit, de la radicalisation violente. Cela ne signifie pas que les autorités européennes ne font pas la relation entre les formes non violentes d'extrémisme et la radicalisation violente ou qu'elles ignorent les défis non-sécuritaires posés par l'extrémisme, mais le manque de données empiriques claires sur le processus de radicalisation, combiné avec des contraintes budgétaires, poussent les principales autorités à se concentrer de plus en plus sur le phénomène, davantage cerné, de la radicalisation violente. Les autorités isolent de plus en plus leurs actions de lutte contre la radicalisation violente de leurs initiatives d'intégration et de cohésion sociale, car la relation entre les deux est considérée comme peu claire.
Bien que les circonstances et positions varient encore d'un pays à l'autre, le rapport souligne la convergence de l’action des autorités dans les quatre pays européens analysés sur toute une variété de questions. De l'importance d'une bonne formation à la nécessité de définir clairement les objectifs, de l'attention accrue accordée aux évaluations empiriques des actions menées à la place croissante des interventions ciblées, il est possible d'observer certaines tendances communes à travers le continent. Ce rapport a pour but de condenser les expériences de ces pays, d'exposer les principaux défis et domaines de convergence, tout en étant un guide utile pour les décideurs dans l'ensemble de l'Occident.